Élaborer une stratégie d’adaptation aux changements climatiques et d’aménagement pour la biodiversité

En 2019, la MRC Nicolet-Yamaska s’est dotée d’un plan de transition écologique afin de guider l’aménagement durable de son territoire. Pour répondre aux enjeux liés à la biodiversité, Habitat a été mandaté afin de dresser le portrait écologique du territoire, rendre compte des bénéfices offerts par les milieux naturels et les vulnérabilités auxquelles ils sont exposés.

Notre équipe a d’abord analysé les bénéfices (services écosystémiques) rendus par les milieux naturels et notamment leur capacité à limiter l’érosion, réduire le transfert des nutriments vers les cours d’eau ou encore à capter et stocker du carbone. Deux analyses de connectivité ont également été réalisées pour déterminer les principaux corridors écologiques et l’importance des milieux naturels en tant qu’habitat pour les espèces animales. En complément, la vulnérabilité des milieux naturels a été étudiée afin d’identifier les sites les plus vulnérables et proposer des actions pour augmenter leur résilience.

Constats majeurs :

  • Les milieux naturels du territoire renferment plus d’un milliard de tonnes de carbone dans les sols, troncs, branches, racines, etc. Rapporté monétairement, ce stock total a une valeur économique estimée à 244 milliards de dollars.

    Plus d’un milliards de tonnes de carbone, c’est l’équivalent de la circulation de 1,3 milliards de voitures pendant un an ou à la consommation électrique annuelle de près d’1 milliard de foyers canadiens.

    Ce sont les milieux humides du territoire qui participent grandement à ce stock de carbone. Une tourbière stocke en moyenne 1372 tonnes par hectare alors qu’un milieu forestier stockent 69 tonnes par hectare.

  • De nombreux corridors facilitent le déplacement des espèces fauniques entre leurs parcelles d’habitat et ils contribuent au réseau de connectivité à l’échelle régionale.

    Les milieux naturels dont l’indice de connectivité est élevé sont des lieux à protéger en priorité pour assurer durablement la connectivité au niveau du paysage. Des aménagements peuvent également être mis en place dès à présent lorsque des corridors propices au déplacement sont identifiés à proximité d’espaces urbains ou lorsqu’ils traversent des routes.

  • Une forêt composée d’espèces d’arbres fonctionnellement différentes, ayant des tolérances et vulnérabilités diversifiées, pourra mieux s’adapter au plus grand nombre de stress possible et sera donc plus résiliente face aux changements globaux.

    Sur le territoire de la MRC, plus de la moitié des milieux boisés sont dominés par des espèces du groupe fonctionnel 1. Ce groupe comprend les érables, bouleau jaune, ormes et ostryer de Virginie, tous intolérant à la sécheresse et aux inondations.

    Notre équipe recommande donc de prévoir des interventions de diversification dans les secteurs les plus vulnérables afin de les rendre plus résilients aux changements globaux et maintenir les bénéfices offerts par ces écosystèmes.

Notre équipe a modélisé trois potentiels scénarios d’aménagement (statu quo, compensation et renaturalisation) afin de comparer les gains et pertes associées à différentes stratégies d’aménagement du territoire. En gardant le statu quo, le territoire de 2070 serait en perte nette de services du fait de la disparition des milieux naturels au profit du développement.

Seuls d’importants efforts de restauration (scénario 3), notamment la conversion de terres agricoles en milieux boisés, permettraient d’améliorer l’approvisionnement en services rendus par les milieux naturels, leur niveau de connectivité et leur résilience.

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