Boiser les coulées agricoles pour favoriser les services écosystémiques
En milieu agricole, la biodiversité peut apporter de nombreux avantages comme la réduction de la pollution, des inondations ou de l’érosion. Dans ce contexte, le projet Demain la forêt - infrastructures vertes, lancé par le Jour de la Terre et soutenu par le Gouvernement du Québec, vise à planter des arbres dans les milieux agricoles en friche où les pentes sont trop fortes pour être cultivées (c’est ce qu’on appelle les coulées agricoles) sur l’ensemble du territoire agricole québécois. Le Jour de la Terre a mandaté Habitat comme partenaire scientifique de ce projet.
La mise en place de solutions fondées sur la nature dans ces milieux, comme le boisement et la restauration, permettent de limiter l’érosion et l’exportation d’azote et de phosphore vers les cours d’eau, favoriser la biodiversité et atténuer l’établissement d’espèces exotiques envahissantes en plus de contribuer à l’adaptation aux changements climatiques en stockant du carbone.
La première grande étape de ce projet est d’identifier l’emplacement des coulées agricoles sur l’ensemble du territoire québécois et prioriser certaines coulées pour la plantation selon un ensemble de critères présenté ci-dessous.
Pour l’identification, les coulées agricoles sont des zones en friche non linéaire, située en milieu agricole, ayant une pente de plus de 15% et une superficie de végétation basse (< 3m) d’au moins 0.15 hectares.
Pour la priorisation, Habitat a d’abord exclu toutes les coulées se superposant à des occurrences d’espèces champêtres menacées ou vulnérables afin d’éviter de perturber leur habitat. Nous avons également exclus les coulées dont la végétation haute (> 3m) occupait plus de 70% de la coulées puisqu’elles étaient déjà fortement boisés. Les coulées agricoles restantes étaient priorisées selon les critères suivants : rôle pour la connectivité de 5 espèces fauniques forestières, présence d’espèces menacées ou vulnérables forestières, probabilité d’occupation d’espèces d’oiseaux champêtres, présence d’ensembles topographiques favorables aux oiseaux champêtres, superficie de la coulée en végétation basse, superficie du noyau (non affecté par l’effet de lisière), indice de forme (défini si la coulée est de forme compacte ou non), distance à un cours d’eau.
Visualisez les coulées agricoles en parcourant notre carte interactive!
Dans le cadre d’un mandat précédent avec Environnement et Changement Climatique Canada (ECCC), notre équipe avait déjà identifié les coulées dans les sections centre et est des basses-terres du Saint-Laurent. Habitat reprend la même méthodologie pour spatialiser les coulées agricole sur l’ensemble du territoire québécois.
Afin de maximiser les bénéfices écologiques du boisement et de la restauration des coulées agricoles, notre équipe conseille de planter :
une bande herbacée de 4 à 6 m de large en haut de la coulée afin de limiter les inconvénients reliés aux racines des arbres pour la zone agricole
un mélange d’arbres feuillus et de conifères dans la section en pente afin de stabiliser la pente et limiter l’érosion
des arbustes tolérants au sol humide en bas de pente pour créer une bande riveraine d’une largeur minimale de 3m
Dans les prochains mois, notre équipe évaluera la valeur des bénéfices associés au boisement des coulées agricoles notamment pour les services écosystémiques suivants : séquestration de carbone, pollinisation, contrôle des inondations, etc.
Vous êtes propriétaire agricole et vous souhaitez participer à notre projet de valorisation des coulées agricoles? C’est gratuit, clé en mai et bénéfique pour la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques!
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