Aménager le territoire ancestral d’Essipit pour en améliorer la résilience face aux changements climatiques 

La Première Nation des Innus d’Essipit (PNIE) démontre son leadership, depuis plusieurs années, envers la protection et l’aménagement efficace du Nitassinan (son territoire ancestral), de plusieurs espèces menacées ou d’importance culturelle, ainsi que leur habitat. Pour ce faire, bien comprendre les impacts des changements climatiques et autres perturbations est primordial pour assurer une gestion écologique et forestière saines.

C’est dans ce contexte que la PNIE a mandaté Habitat pour évaluer la résilience du territoire forestier ancestral d’Essipit face aux changements globaux.  Le portrait précis des vulnérabilités des peuplements forestiers et les pistes d’action fournies par Habitat contribuent ainsi à soutenir la Première Nation dans sa planification à long terme, en réponse aux principales menaces qui pèsent sur son nitassinan. 

 

Les menaces qui pèsent sur le nitassinan d’Essipit 

Notre analyse du territoire a également permis de démontrer que plusieurs changements globaux pourraient entraîner des conséquences néfastes sur les écosystèmes forestiers d’Essipit et les espèces qu’ils abritent, ainsi que sur l'approvisionnement en services écosystémiques.  

Selon les prévisions climatiques de la région, une augmentation des températures moyennes de 3 degrés Celsius est attendue d’ici 2070 (scénario d’émissions élevées), ainsi qu’une augmentation de la fréquence et de l’intensité d’événements météorologiques extrêmes, comme des sécheresses, des inondations et des tempêtes.  

De plus, une augmentation des dommages causés par les agents pathogènes et les insectes nuisibles est prévue d'ici 2050 dans les pays nordiques, jusqu'ici protégés par des hivers froids. Ceci représente donc des menaces additionnelles pour les arbres des forêts d’Essipit.  

 

Évaluer la résilience des peuplements 

La résilience d’une forêt, soit sa capacité à résister ou se remettre rapidement et efficacement à la suite de perturbations, est une caractéristique clé pour faire face aux menaces actuelles et futures.  

On considère que plus une forêt est composée d’arbres divers en termes de caractéristiques biologiques, ou traits fonctionnels, plus elle sera en mesure de faire face aux multiples perturbations qui pourraient être engendrées par les changements globaux.

Toutefois, l’analyse de diversité fonctionnelle des peuplements forestiers d’Essipit a décelé la dominance de deux grands groupes fonctionnels d’arbres, révélant une faible diversité fonctionnelle. On observe une concentration particulièrement élevée de peuplements peu diversifiés dans la partie nord-ouest du territoire.

 

L’analyse de vulnérabilité réalisée par Habitat a en outre permis d’identifier les peuplements particulièrement à risque face aux menaces biotiques et climatiques déjà présentes ou anticipées sur le territoire. Plus de la moitié des peuplements analysés est vulnérable aux insectes ravageurs.

Bien qu’à ce jour elle soit encore loin du territoire, la spongieuse asiatique constitue une menace future particulièrement préoccupante puisqu'elle pourrait affecter 7 des 9 espèces les plus abondantes dans les forêts d'Essipit.  

 

Quant aux menaces climatiques, les sécheresses, vents violents, écarts de températures et verglas sont parmi les menaces les plus préoccupantes, avec respectivement 88%, 71% et 50% et 38% des peuplements qui y seraient particulièrement vulnérables, et ce, de façon relativement homogène à travers le territoire.  

 

Où et comment agir pour augmenter la résilience du territoire 

Habitat a identifié plusieurs zones particulièrement à risque au sein du nitassinan d’Essipit, caractérisées par une faible diversité fonctionnelle et présentant une vulnérabilité élevée à plusieurs menaces.  

Les recommandations suivantes, présentées au Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et détaillées dans le rapport complet, visent à augmenter la résilience du territoire et assurer la pérennité de ses écosystèmes :  

  • Limiter les perturbations anthropiques, préserver la strate forestière âgée, favoriser l’implantation de peuplements plus feuillus en son périmètre pour réduire les risques de propagation du feu et restaurer les peuplements ayant été coupés avec des espèces diversifiées au niveau fonctionnel

  • Mieux répartir les groupes fonctionnels sur le territoire, en réalisant des interventions sylvicoles ciblées  

  • Intervenir prioritairement au sein des plus grands peuplements présentant une faible diversité fonctionnelle 

  • Privilégier des espèces tolérantes aux menaces les plus prioritaires, notamment les insectes ravageurs, les sécheresses et les tempêtes de vent 

 

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