Retour sur la COP16 : État des lieux pour la protection de la biodiversité

La 16e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP16), qui s’est tenue à Cali en Colombie, s’est achevée la semaine dernière en demi-teinte.  

Malgré un engouement sans précédent et quelques avancées, plusieurs questions sont restées en suspens, faute de consensus. Habitat était sur place et retient plusieurs faits saillants d’importance :  

  • Plus de 700 000 personnes, dont 23 000 délégués enregistrés, ont participé à la conférence dont le thème était « Faire la paix avec la nature ». 

  • Cette conférence marquait une étape importante dans la protection de la biodiversité, puisqu’elle suivait la COP15 où l’accord historique du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal a été signé. Cet accord, rappelons-le, comprend 23 cibles ambitieuses à atteindre pour 2030. Les enjeux et discussions soulevés à la COP16 ont donc particulièrement portés sur les implantations et actions à mettre en place pour atteindre les cibles établies en 2022. 

  • À l’ouverture de la conférence, seulement 29 des 196 pays participants, dont le Canada, avaient déposé leur stratégie nationale de biodiversité auprès de la Convention sur la diversité biologique (CDB) comme ils s’y étaient engagés. Ce chiffre est monté à 44 pays au terme de la COP16, tandis que 119 pays ont soumis des engagements partiels en lien avec les objectifs du Cadre mondial.  

  • Les crédits biodiversité ont été au centre des discussions, particulièrement lors les réflexions autour de la cible 19 du cadre mondial qui souligne le besoin financier de 200 milliards de dollars en investissement par année. Les crédits biodiversité sont présentés comme une innovation qui pourrait changer la donne, toutefois elle suscite de fortes oppositions quant à ses enjeux d’écoblanchiments et de déresponsabilisation.  

  • Les questions concernant la nécessité de débloquer davantage de fonds pour soutenir les pays en développement sont restés sans réponse puisqu’aucune entente n’a pu être conclue, à cause de l’opposition du plusieurs pays du Nord Global. Les discussions ont dû être suspendues samedi 2 novembre, faute de quorum, alors que les délégués de nombreux pays avaient quitté la conférence qui devait initialement se clore la veille.  

  • L’enjeu du partage des bénéfices liés aux informations génétiques numériques (DSI) a été discuté de nouveau, avec le lancement du « Fonds de Cali ». Bien qu’aucune mesure contraignante ne les y oblige, les grandes entreprises qui génèrent des profits issus de l’utilisation commerciale de DSI (pharmaceutique, agroalimentaire, biotech, etc.) pourront contribuer au Fonds de manière volontaire. Les sommes recueillies serviront à soutenir les pays du Sud Global dans la mise en œuvre du cadre mondial, avec une priorité accordée aux besoins des communautés autochtones et locales.  

  • Un gain notable a été obtenu pour les peuples autochtones et les communautés afrodescendantes, avec la création d’un organe permanent pour représenter leurs intérêts au sein de la CDB. Cette instance donnera une voix directe à ces communautés, soulignant leurs savoirs traditionnels et leur rôle crucial pour atteindre les objectifs du cadre mondial de la biodiversité. Plus tôt dans la semaine, des chefs autochtones de neuf pays qui partagent l’Amazonie avaient uni leurs forces en créant un G9 souligner l’importance de leur rôle de gardiens de la nature.  

La COP17 qui aura lieu en Arménie en 2026 marquera déjà la mi parcours entre l’adoption du cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et l’échéance de ses objectifs en 2030. Il est crucial que d’ici là, les pays du Nord continuent de contribuer activement au financement de la biodiversité et que tous accélèrent le développement et la mise en œuvre de leurs plans d’actions pour la biodiversité. 

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